Nous, les 9-12 ans, les oubliés de l’édition !

28 janvier 2008

Mesdames, Messieurs les éditeurs,
Quand on était bébés, vous vous occupiez beaucoup de nous. Comme vous le faites encore aujourd’hui, vous éditiez des cartonnés, délires de formes, de tirettes, de rabats, puis des albums pleins de fraîcheur et de rythme. Vous nous inventiez des héros plus vrais que nature et autrement plus agités que Petit Ours Brun. On a profité de la grande vague de contes en images ! Vos nouveautés faisaient se réunir des spécialistes de l’enfance dans des colloques et inspiraient sélections et bibliographies.
Quand on était au CP et en CE, on était fiers de lire tout seuls des albums au format de poche ou des premières lectures qui nous ont aidés doucement à devenir des lecteurs autonomes.
Aujourd’hui, nous terminons nos années d’école primaire ou nous commençons le cycle secondaire. Quand nos parents ou nos enseignants vont en librairie, quand les bibliothécaires de notre ville lisent les critiques et consultent des sites, ils ne trouvent plus de romans pour nous, alors qu’ils ont l’embarras du choix pour les ados. On dénombre plus de collections de romans pour les lycéens que pour les enfants ! On l’a constaté sur le tableau récapitulatif des collections établi par Livralire pour un cours d’initiation à la littérature-jeunesse. Bien sûr on peut lire les valeurs sûres : Dahl, Gripari, Lindgren, ou les succès d’il y a dix ans, encore que beaucoup de titres soient épuisés ! On peut également profiter du foisonnement des albums magnifiques. Vous nous proposez des grands formats ou des tomaisons. Mais on n’a pas encore le souffle pour les lire contrairement à ce qu’Harry Potter vous a fait croire et à ce que vous mentionnez sur les couvertures.
Nous, ce qu’on veut, c’est tout simplement une histoire unique, entre 100 et 150 pages, qui nous raconte le monde, qui nous parle de nous et des autres, qui nous fait rêver, rire ou pleurer, qui nous emmène loin ou tout près. En 2007, la moisson romanesque pour notre tranche d’âge était maigrichonne. Or si on ne lit pas maintenant, il y a encore moins de chances qu’on lise vos pavés quand on aura 15 ans ! Ne nous oubliez pas !
(Porte parole : Véronique Marie LOMBARD, fin janvier 2008)