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Petit coup de pouce au changement

La société des lecteurs

6 juin 2004

Ajdar, Le petit Chaperon rouge, l’Ogre des vents, La grenouille à grande bouche, Le père Tire-Bras…Ca vous dit quelque chose ? Vous connaissez leur visage ? Leur histoire ? Les avez vous rencontrés en chair et en os ? Moi, oui ! J’ai cette chance. En allant de bibliothèques en écoles et collèges pour la clôture de deux voyages-lecture, Contelivres et Tuliquoi, j’ai approché de très près ces héros préférés qui ont pris corps dans des silhouettes de papier mâché, de carton, de toile et se sont mis à parler, à jouer, à danser, à chanter, faisant des lecteurs-acteurs, les doubles des personnages de papier, et des spectateurs, les témoins attentifs d’une histoire réinventée où les talents individuels sont fécondés par le groupe. En appui sur un silence complice et une séduction artistique, il se dégage de ces partages de lecture une impression de bonheur impossible à raconter et difficile à exprimer.
Autour d’un intérêt commun (le livre), chacun a sa part (la lecture), de laquelle recueillir un moment d’éternité. Les voyageurs-lecteurs, à travers les partages de lecture, font cette expérience du «être ensemble» autant que du « qui je suis ».
C’est en sens que les lecteurs font société. Car comme l’explique le philosophe Bertrand Vergely, pour faire société, il faut conjuguer trois axes de vie : matériel, personnel et transcendant, autrement dit : incarnation, personnalisation et création. D’aucuns y verront la dimension trinitaire de l’homme, d’autres simplement un élargissement de l’existence où «la littérature nous replonge dans le monde enfoui de l’affectivité, source de notre force de vie»*.
Véronique Marie LOMBARD (Juin 2004)

*Michèle Petit : Le corps oublié de la lecture . Revue Argos n° 34, page 60.

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