La littérature-jeunesse compte pour du beurre !
4 octobre 2009
Septembre : rentrée scolaire, rentrée littéraire. Dans mon bureau, la pile de services de presse de romans est en équilibre précaire, la caisse de nouveautés du libraire déborde. Beaucoup d’auteurs connus, quelques nouveaux.
Au Rouergue, dans la collection La Brune (à couverture blanche) un roman d’Anne Percin, Bonheur fantôme, qualifié de premier roman sur la 4ème de couverture, et, dans le dossier de presse, « de texte envoûtant qui signe la naissance d’une auteure » ! Faux : Anne Percin n’est pas une débutante. C’est même un écrivain exceptionnel qui nous a régalés, entre autres, avec L’âge d’ange (EDL), Points de côté (Thierry Magnier) et Servais des collines (Oskar jeunesse). Si je compte les trois romans ados cités sur la 4e de couverture, ce premier pour adultes est son 4e roman (en fait son 7ème !) Quel mépris pour les publications jeunesse et quel déni de l’expérience de l’auteur !
Cela me rappelle le cas de Valérie Zénatti dont le représentant des éditions L’Olivier assurait haut et fort que En retard pour la guerre était son premier roman. Qui a dévoré Une bouteille de la mer de Gaza (EDL) ou Quand j’étais soldate (EDL), inspirés de sa propre expérience en Israël, comprend que le texte adulte n’ est qu’un « remake » pour les aînés !
Le label « premier roman » est sans doute un laissez-passer pour les festivals éponymes (Chambéry, Laval) qui donnent aux « jeunes » écrivains un indispensable coup de pouce. Mais pourquoi dissimuler un pan de l’œuvre de l’auteur ? Au minimum, la précision » premier roman « adulte » établirait la vérité. Mieux, la recension de tous les textes par ordre de publication reconnaitrait à Anne Percin, à Valérie Zénatti et à bien d’autres, leur place d’auteur à part entière et donnerait à leur livres « ados », qui n’ont rien à envier aux autres, une chance d’être lus aussi par des adultes ! A quand la fin de la ségrégation ?
Véronique-Marie Lombard (septembre 2009)