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Petit coup de pouce au changement

LIRE à plusieurs : une priorité pour les bibliothécaires

31 janvier 2015

Quand, en formation, je découvre que les bonnes nouveautés jeunesse sont si mal connues des bibliothécaires jeunesse ou qu’une documentaliste ne lit aucun des romans qu’elle achète.
Quand j’apprends que, sous prétexte du manque de temps, une bibliothécaire se voit retirer le droit de participer à un office efficace (ils ne le sont malheureusement pas tous !) et donc qu’on lui coupe une source majeure de connaissance des nouveautés.
Quand je sais que les acquisitions sont sectorisées (l’un achète les polars adulte, un autre les documentaires sciences et arts, etc.) alors que chacun sera à tour de rôle en contact avec le public à la banque de prêt, dans le bibliobus ou à l’accueil à la BDP.
Quand j’entends des bénévoles se plaindre de leur désarroi et de leur solitude face à des rangées de livres dans les « magasins » des Bibliothèques Départementales.
Quand je réalise combien d’ouvrages sont mis en rayon sans que personne ne les ai lus.
Quand j’entends des lecteurs dire : « Pourquoi j’irais à la bibliothèque ? Il n’y a personne pour me conseiller ». « Des pistes de lectures, il y en a bien plus sur les blogs de lecteurs ». « Mon libraire me conseille bien mieux ».

Je me dis : A quoi ça sert d’acheter des livres ou de charger des liseuses si on ne sait rien des contenus, ou si peu ?
Les professionnels ou bénévoles de répondre : on ne pourra jamais tout lire !
Bien sûr. Et pourtant, on peut connaître beaucoup plus de livres qu’on en a lus soi-même. Comment ?
En partageant oralement ses lectures : nouveautés ou/et fonds

Dans son établissement :

  • avec des collègues dans un « kiliquoi » hebdomadaire ou bimensuel.
    Exemple : 14 employés dans une médiathèque. Chaque réunion hebdomadaire de service s’ouvre par une présentation de documents (livres, films, musique, revues) par 7 d’entre eux. Durée : 30 minutes. Les sept autres prennent leur part la semaine suivante. Les titres sont enregistrés dans un fichier spécifique. Résultat : sur 45 semaines, chacun aura vu et entendu parler de 315 supports sans compter qu’il aura eu envie d’en goûter certains et se sentira beaucoup plus à l’aise au prêt.
  • avec des lecteurs cooptés (des ados au collège, des jeunes et des adultes en médiathèque) et volontaires pour lire les acquisitions, les analyser dans un comité mensuel puis les faire circuler avec un avis de lecture dans le livre ou sur le blog de l’établissement.

A l’extérieur en participant à un office interbibliothèques spécialisé (livres jeunesse, BD, romans adultes, documentaires) qui, bien fourni, régulier, et rondement mené, permet de gagner du temps, de suivre et connaître la production, de partager la charge de la lecture, de repérer des pépites, d’échanger des points de vue, de faire des achats réguliers, raisonnés et pertinents.

Mesdames et messieurs les chefs de service qui cherchez sans cesse à innover, savez-vous que vous avez là un moyen efficace d’insuffler de la vie dans votre structure, d’améliorer l’accueil et l’ambiance, et d’en changer l’image ? A vous de donner la priorité à la lecture et de permettre à votre personnel de devenir des « bibliologues » !

Véronique Marie LOMBARD

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