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Petit coup de pouce au changement

Formation des bibliothécaires jeunesse : drapeau rouge !

4 juin 2005

De mon temps, dit la quinquagénaire, pour être bibliothécaire on suivait des cours pendant un an, on passait un examen professionnel, programmé chaque année, puis CAFB en poche, on cherchait un emploi dans le secteur que l’on avait approfondi lors du deuxième module de formation à savoir lecture publique ou jeunesse, patrimoine ou musique. On était doté d’une première boîte à outils assez bien fournie qu’on avait surtout envie de compléter dès lors qu’on commençait à travailler dans une bibliothèque.

Aujourd’hui, si le métier de bibliothécaire en section jeunesse vous tente, attendez qu’un concours soit programmé, préparez le, tentez votre chance, et si vous réussissez, vous figurerez sur une liste d’aptitude. Une fois embauché par une collectivité, vous partagerez votre temps entre la formation initiale et le travail en bibliothèque. Vous accomplirez des tâches aussi diversifiées que les acquisitions ou l’accueil des publics et vous exercerez des responsabilités auxquelles vous n ‘avez pas été préparés et dont vous ignorez les tenants et les aboutissants. En parallèle, vous suivrez 60 jours de formation avant titularisation (FAT) et 60 jours après titularisation dont 20 jours de pratique (FAE), soit 120 jours sur 3 ans. Autrement dit, après les stages généraux, communs aux personnels territoriaux, il vous faudra trouver des formations adaptées à vos besoins professionnels.

La quête de stages intéressants commence, autant dire la galère ! Pourquoi ? Parce que :

  • Le budget consacré à la formation des bibliothécaires par le CNFPT est dans plusieurs antennes revu à la baisse.
  • L’offre de formation est très aléatoire. Il n’y a pas de cursus établi avec, par exemple un module professionnel de base obligatoire (acquisition, catalogage, politique documentaire, vie d’équipe, accueil des publics, etc.) et un deuxième module de perfectionnement (conter, monter une exposition, lire à voix haute…). Chacun remplit sa boîte comme il peut.
  • L’offre de stages diminuant, la formation continue n’est plus assurée. Ainsi pour un stage que j’animais récemment « comment présenter un roman à un public jeune ou adolescent (ce que font toutes les bibliothécaires jeunesse sans y avoir été jamais formé) il y avait 70 candidats pour 12 places ! On les réserve aux FI !
  • Les collectivités rechignent à payer à leurs agents des stages payants privés tels que ceux organisés par la Joie par les livres ou Lecture-jeunesse.
  • Le recrutement des formateurs s’est complexifié. Les organismes lancent des appels d’offres ou font des mises en concurrence sommaires auprès de personnes habilitées et référencées. Ces procédures sont appliquées avec plus ou moins de discernement et d’intelligence selon que le cahier des charges est ouvert ou verrouillé.

Dans le cahier « ouvert » où les formateurs sont consultés avant l’élaboration du catalogue, apparaissent un intitulé, des objectifs, une période lointaine de réalisation (pour l’année suivante). Au formateur qui connaît la matière et son emploi du temps, de faire une offre de date, de contenu, de durée, d’organisation. Dans le cahier « verrouillé », l’organisme demandeur détermine un contenu et une organisation de stage et, sans rien connaître au sujet, en fixe des dates et publie l’offre à son catalogue. Trois mois avant le stage, il fait une mise en concurrence et cherche un formateur adéquat qui dans bien des cas, n’est pas disponible aux dates imposées sans compter que pour certaines formations très spécialisées la concurrence est impossible puisqu’il y a un seul formateur sur le marché !
Que les bibliothécaires ne s’étonnent pas si certains stages répondent peu ou mal à leurs attentes ou sont reportés ou tout simplement annulés.

Restrictions budgétaires et lourdeurs administratives pèsent sur les responsables des formations culturelles dans les antennes du CNFPT, découragent les formateurs (le temps passé à imprimer les 15 pages d’un dossier type de candidature au CNFPT arrivé par Internet correspond à celui passé à faire une offre détaillée pour un engagement réel en Suisse ! ) et disqualifient les bibliothécaires, peu ou pas outillés pour travailler et innover et surtout faire valoir auprès des élus leur mission qui ne consiste pas en simples manutentions de livres.

Qui prendra enfin ce problème à bras le corps ? On nous avait annoncé des plans de formation élaborés à partir des profils de poste (assistant, agent…). On attend toujours. J’ai peur qu’il ne soit trop tard. La relève des « quinqua « qui avaient choisi ce métier est assurée par des jeunes qui y accèdent par le hasard des concours et qui plus est, sont insuffisamment préparés à l’exercer.

Seule perspective dans ce tableau noir, les formations sur site. En effet, de plus en plus de collectivités font venir à elles le spécialiste d’un domaine qui rassemble autour d’un thème ou d’une question le personnel concerné. L’impact de la formation et le profit professionnel en sont multipliés. Tout le monde est gagnant ! Y compris les usagers ! Pensez à cette bouée de sauvetage !
Véronique Marie LOMBARD (juin 2005)

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